Divus Julius – aperçu


Résumé en français.
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© Francesco Carotta, 1988–2005. La diffusion de ces textes est libre, sauf à des fins commerciaux.

Préface à l’édition anglaise du Dr Fotis A. Kavoukopoulos, linguiste

APERÇU

POUR CEUX QUI NE LISENT PAS L’ALLEMAND

(Ce résumé est conçu pour donner d’un côté un aperçu du contenu du livre paru en allemand, de l’autre pour servir de fil conducteur pour la lecture en ce site : on peut le considérer comme une sorte d’indice qui renvoit par des “hyperlinks”, chapitre par chapitre, à une autre version, plus détaillée et enrichie d’images.
Celle-ci sera rédigée dans les prochains temps (d’abord en allemand) :
jetez un coup d’œil de temps en temps!)

La question traitée est la suivante :

JESUS EST-IL DIVUS JULIUS ?
(JESUS EST-IL DIVUS JULIUS, LE CESAR DEIFIE, TEL QUE LA TRADITION NOUS L’A TRANSMIS ?)

Squelette de l’argumentation :

A) LES IMAGES QUE L’ICONOGRAPHIE DE CESAR NOUS PRESENTE NE RECOUVRENT PAS L’IMAGE QUE NOUS NOUS FAISONS DE LUI.
Dans notre tête Jules César est un guerrier et un dictateur. Sur ses représentations authentiques cependant (statues et monnaies) on voit sourtout apparaître l’aspect de la clémence, la proverbiale clementia Caesaris. Surtout la tête de statue conservée au Musée Torlonia présente étonamment les traits et l’expression de Jésus dans une pietà. Même la couronne qu’il porte, le plus souvent la couronne de chêne du Soter, correspond par sa forme et sa signification à la couronne d’épines du Sauveur.

B) LA VIE DE JESUS SUIT D’UNE FACON FRAPPANTE LE FIL DE CELLE DE CESAR.
Tous les deux commencent leur carrière dans un pays du nord : César en Gaule, Jésus en Galilée; ils ont tous les deux un fleuve fatal à traverser : le Rubicon et le Jourdain ; tous les deux entrent immédiatement après dans une ville: à Corfinium et à Capharnaum ; César trouve Corfinium occupée par un pompéien, Jésus trouve à Capharnaum un possédé d’un esprit immonde. On reconnait des parallèles tout aussi bien dans la structure que dans les noms: Gallia > Galilaia; Corfinium > Cafarnaum; occupé > possédé (les deux se disent en latin par le même mot : obsessus). Si on poursuit la comparaison on voit que les parallèles restent constants (à la prochaine occupation, voire au prochain siège, on retrouve le prochain possédé, etc.).

C) LES PERSONNAGES DE L’HISTOIRE DE CESAR ET LEUR PENDANTS DANS CELLE DE JESUS SE CORRESPONDENT, STRUCTURELLEMENT ET DANS LEURS NOMS – IL EN VA DE MEME DES LIEUX :

César > Jésus
Pompée > (Jean) le Baptiste
Antoine > Simon
Lepidus > Pierre
(Decimus) Junius (Brutus) > Judas
(Marcus Junius) Brutus > Barabbas
Octavien (Auguste) > Jean (le disciple)
Nicomèdes > Nicodème
Cléopatre > la Madeleine
(Julia, veuve de) Marius > Marie
le sénat > le synèdre
Gaule > Galilée
Corfinium > Capharnaum
Rom > Jérusalem
etc.

On reconnait que les personnages et les lieux ont sur les deux tableaux la même fonction :
Pompeius tient politiquement à baptême César et entre ensuite en concurrence avec lui – il en va de même entre le Baptiste et Jésus ;
Antoine et Lepidus deviennent les successeurs de César, l’un comme flamen Divi Iulii, le grand prêtre du César déifié, l’autre comme pontifex maximus – il en va de même pour Simon et Pierre par rapport à Jésus (lesquels finissent par se fondre en une seule personne : Simon Pierre) ;
Decimus Junius Brutus est le traître de César – comme Judas l’est de Jesus ;
l’autre Brutus est l’assassin de César – et Barabbas est un assassin ;
Octavien est le jeune César, son fils adoptif posthume – Jean est adopté sous la croix ;
à Nicomèdes de Bithynie on attribuait des rencontres nocturnes avec César – comme à Nicodème de Béthanie avec Jésus ;
Cléopatre a un rapport particulier avec César – comme la Madeleine avec Jésus ;
Iulia, veuve de Marius et tante de César a auprès de celui-ci la même fonction que la première Marie auprès de Jésus ;
le sénat est l’ennemi de César – comme le sanhédrin est le satan de Jésus ;
la Gaule est le pays du nord d’où César arrive au commencement de la guerre civile – on retrouve Jésus en Galilée, au nord également, au début de son activité publique ;
Corfinium est la première ville que prend César – Cafarnaum est la première ville dans laquelle entre Jésus ;
Rome est la capitale, où César d’abord triomphe pour y être ensuite assassiné – Jérusalem est le pendant pour Jésus, il y a d’abord sa fête des rameaux et ensuite sa passion.

On constate aussi que les noms correspondent de manière frappante dans l’écriture et/ou phonétiquement, comme par exemple Gallia et Galilaia, Corfinium et Cafarnaum, (Iulia) Mària et Marìa, Nikomedes (de Bithynia) et Nikodemus (de Bethania), etc., pour d’autres la ressemblance est plus ou moins voilée, et cependant presque toujours reconnaissable: Junius (Brutus) et Judas, Brutus et Barabbas, sénat et satan, etc., ou encore ROMA et HieROsolyMA, Antonius et Simona (lecture spéculaire, de droite è gauche, comme de l’araméen), etc.

D) TOUS LES BONS MOTS DE CESAR SE RETROUVENT DANS L’EVANGILE A L’ENDROIT STRUCTURELLEMENT CORRESPONDANT.
Le plus souvent mot à mot, parfois avec de légères méprises :
« Ceux qui ne sont d’aucun côté sont de mon côté » on le retrouve comme « Qui n’est pas contre nous est avec nous » ;
« je ne suis pas Roi, je suis César »
comme « Nous n’avons d’autre roi que César » ;
« la meilleure mort est la mort subite »
comme « Ce que tu dois faire (c’est à dire me conduire à la mort), fais-le vite » ;
« les aurais-je sauvés pour qu’ils me conduisent à la perdition ? »
comme « Il a sauvé les autres et ne sait se sauver soi-même ».
Seulement dans deux cas les modifications, tout en restant minimes, changent le sens :
« Alea iacta est(o) », le dé est (soit) jeté, devient « en jetant (les filets), car ils étaient pêcheurs » (confusion du lat. alea, dé, avec le gr. (h)aleeis, pêcheurs) – la pêche miraculeuse ;
« veni vidi vici », je suis venu, j’ai vu et j’ai vaincu,
comme «je suis venu, je me suis lavé et j’ai vu » (confusion de enikisa, j’ai vaincu, et enipsa, je me suis lavé) – la guérison d’un aveugle !
Quelle suite dans les idées ! Les victoires miraculeuses de César deviennt les victorieux miracles de Jésus.
Selon le même procédé les confrontations de César avec les divers Caecilii, Claudii et Metelli se transforment en guérisons d’aveugles (lat. caecilius = aveugle), boîteux (lat. claudius = claudicant) et mutilé (comme si metellus venait de mutilus).

On ne peut que penser à des altérations cumulées au cours des copies successives écrites à la main tout au long des siècles : l’évangile serait donc issu du récit de la guerre civile romaine, d’abord par la somme des erreurs des copistes, et ensuite par une rédaction « logique » finale du texte.
Ce diagnostic est confirmé par d’autres observations, par exemple la suivante :

E) LA LITURGIE PASCALE NE SUIT PAS LE RECIT EVANGELIQUE MAIS LE RITUEL DES FUNERAILLES DE CESAR (comme l’a montré Ethelbert Stauffer, cf. Jerusalem und Rom im Zeitalter Jesu Christi, Berne 1957, p. 21).
En particulier ce qui manque dans le récit évangélique de la passion c’est le feu, qui joue jusqu’à nos jours un rôle central dans la vigile de Pâques, comme jadis dans la crémation de César. Mais la disparition du feu dans l’évangile a laissé des traces : la PYRA est devenue la MYRA, le bûcher s’est changé en myrrhe (qui est donnée à Jésus, mélangée au vin et au vinaigre).
Conséquemment le tropée, cette croix de victoire sur laquelle auraient dû être fixée la cuirasse et les armes du Vercingétorix vaincu et où au contraire le génie d’Antoine avait fait suspendre et montrer au peuple le simulacre en cire du corps martirisé de César dévoilé de sa togue ensanglantée, est vu comme une croix, à laquelle Jésus est lui-même cloué, tandis que la correspondance de la date de la mort – ides de mars et 15 nizan, respectivement – nous donne une confirmation chronologique ultérieure.
En conclusion : Quoi que l’on compare, on retrouve constamment les mêmes structures et séquences, les différences se réduisent à de minuscules confusions de lettres. Ce qui change c’est la perception.
Toutes ces coincidences (dans le livre paru en allemand on trouve un synoptique complet des biographies de César comparées à l’évangile de Marc, dans les conférences que je suis amené à donner sont illustrées quelques perles parmi les méprises et mutations les plus frappantes ou cocasses ; l’iconographie examinée montre que les traits et motifs les plus typiques de Jésus – comme l’expression du visage (pietà), la couronne d’épines, les cheveux longs, la barbe, l’habit, la crosse, l’auréole, la croix dans toutes ses variations, la résurrection, la montée au ciel, etc. – ont déjà pris forme dans les monnaies frappées par ou pour César et sont développés ultérieurement dans celles d’Antoine et d’Octavien Auguste), toutes ces concomitances donc, ne peuvent pas être attribuées au seul hasard et exigent une explication. La plus plausible est la suivante :

LE CULTE DE JESUS EST LE CULTE DU DIVUS JULIUS TEL QU’IL S’EST FORME ET TRANSFORME AU COURS DES SIECLES DANS LES COLONIES DES VETERANS DEDUITES DANS LA PARTIE ORIENTALE DE L’EMPIRE.
C’est dans cette région que la compénétration des langues, le latin des colonies romaines cédant progressivement par le contact du grec du milieu ambiant (et avec le substrat araméen surgissant occasionnellement ça et là) fournit l’humus approprié à tous ces malentendus.

Le renversement politique qui se produisit avec Vespasien et Titus après la guerre de Judée et la nécessité qui en résulta d’intégrer les juifs dans l’empire, porta à développer un culte et des textes à l’usage des Juifs : Divus Julius devint le messie que ceux-ci avaient attendu. Les citations de la bible judaique qu’on y rajouta et qui remplacèrent celles des auteurs classiques, aida à faire paraître comme une histoire juive la plus romaine des histoires.

CONCLUSION : L’évangile originaire n’est donc rien d’autre que les historiae d’Asinius Pollion, qui se révèlent être non seulement la base pour les œuvres des historiens qui ont écrit après lui (en particulier Appien et Plutarque) mais aussi la forme première du texte liturgique utilisé dans le culte du Divus Julius pratiqué dans ses temples, les caesarea, disséminés dans tout l’empire. Cette version populaire ancrée dans la vie quotidienne et religieuse des peuples, transformée dans le culte et déformée dans le processus de tradition et de traduction – traduttore traditore – est devenue notre évangile, en premier lieu celui de Marc. Ce que l’Eglise avait toujours dit, à savoir que l’évangile de Marc avait été écrit à Rome, en latin, 12 ans après le départ du seigneur, est confirmé d’une manière éclatante.

CONSEQUENCES : La querelle séculaire, à savoir si l’évangile est un texte d’histoire ou de la littérature, un texte transmis ou rédigé, est ramenée à une base objective et vérifiable, et se conclut de ce fait.
La question de savoir si Jésus est une figure historique ou non, est résolue: Jésus est Divus Julius tel que l’histoire nous l’a transmis.



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